Le Quatuor Florestan .. .. ..
Le concert a été donné à deux reprises, au château de Pourtalès et dans le cadre de la
saison de l’association Alcor, par le quatuor à cordes Florestan : Mozart et Beethoven y
furent les figures majuscules du programme. Avec Haydn en arrière-plan, évoqué
directement par le preste menuet de son quarantième quatuor en sol majeur joué en
supplément ; mais le choix du K.421 de Mozart était ici significatif -cette oeuvre est le
deuxième de ses six quatuors dédiés au maître d’Esterhazy, devenu son ami, et qui
stimula sa production dans le genre.
Un travail approfondi et fructueux
En 1783, Mozart a lui-même tenu l’alto dans des séances de quatuors, avec Haydn en
premier violon. L’influence sur le disciple est la plus manifeste dans trois des quatre
mouvements de l’ouvrage, tandis que le premier, plus condensé, y affirme une allure
plus personnelle, ne serait-ce qu’à travers la tonalité de ré mineur, symbolique du
tragique chez Mozart, ici peut-être un peu tempéré, mais avec un thème principal
développé en grands écarts d’octave. Les Florestan sont à l’occasion de ces deux
concerts entrés de plain pied dans l’univers viennois du maître de Salzbourg, et la
proximité des musiciens avec leur public, placé en demi-cercle autour des interprètes,
a favorisé par une réelle communion cette impression. Les premiers quatuors de
Beethoven sont les plus imprégnés de l’esprit de Haydn. Avec le septième, ouvrant la
série des trois de l’opus 59 dédiés à Rassoumovski, le compositeur se dégage de cet
impact par une écriture bien plus développée dans ses dimensions, mais au contrepoint
toujours très travaillé, et par une liberté dans l’échange qui atteste la maîtrise acquise.
Le quatuor en fa majeur est célèbre aussi par la citation qui y apparaît, d’une chanson
populaire russe. Philippe Lindecker, qui avait inauguré le mois dernier, avec son trio,
cette saison d’Alcor, oeuvrait ici à la tête du Quatuor Florestan, en compagnie de Sylvie
Brenner, Roland Cheney et Agnès Lindecker. Une équipe parfaitement soudée par un
travail approfondi et toujours très fructueux sur le répertoire – elle fait à chaque
occasion la joie des mélomanes qui viennent l’écouter.
Marc Munch